Erreur de virement bancaire : êtes-vous obligé de rembourser ?
Recevoir sur son compte bancaire une somme d’argent inattendue peut surprendre, voire inquiéter. Qu’il s’agisse d’une erreur de la banque, d’un employeur ou d’un tiers, la question se pose rapidement : doit-on restituer l’argent ? Peut-on en conserver tout ou partie ?
La réponse n’est pas aussi simple qu’il y paraît
Une erreur de virement n’est jamais un « don »
Le virement bancaire par erreur est juridiquement qualifié de paiement indu. Il s’agit d’un paiement sans cause, c’est-à-dire sans justification légale (article 1302 du Code civil). En conséquence, celui qui reçoit l’argent n’en devient pas automatiquement propriétaire.
En effet, l’article 1302 du Code civil précise :
“Tout paiement suppose une dette : ce qui a été payé sans être dû doit être restitué.”
Exemples fréquents :
● Une entreprise vire par erreur un salaire à un ancien salarié.
● Un client vous paie deux fois la même facture.
● Une administration effectue un trop-perçu.
Êtes-vous obligé de rembourser ?
Oui, en principe. La loi impose la restitution intégrale de la somme perçue à tort, y compris si vous n’êtes pas responsable de l’erreur.
Cependant, plusieurs points peuvent nuancer cette obligation :
● Bonne foi du bénéficiaire
Si vous ne pouviez pas raisonnablement savoir que le virement était une erreur (ex : vous attendiez un paiement d’un tiers), votre bonne foi pourrait être retenue par le juge, notamment si vous avez déjà utilisé l’argent pour régler des dépenses essentielles.
● Appauvrissement du bénéficiaire
Si vous avez dépensé la somme de bonne foi sans pouvoir la restituer (ex : vous l’avez utilisée pour des dettes urgentes), un juge pourrait réduire, voire exclure, votre obligation de remboursement (article 1302-2 du Code civil).
● Faute de l’émetteur
Une négligence manifeste du payeur peut également être retenue pour limiter ses droits à restitution (ex : mauvaise saisie d’IBAN sans vérification). Toutefois, cela n’exonère que très rarement le bénéficiaire.
Que faire si vous recevez un virement par erreur ?
● Ne dépensez pas la somme, même si elle semble légitime.
● Contactez votre banque pour signaler l’anomalie.
● Notez les références du virement : montant, date, émetteur.
● Attendez une demande écrite (et si besoin justifiée) du payeur.
Attention : ne vous fiez pas aux appels ou mails non vérifiés qui pourraient être des tentatives de fraude (phishing).
L’émetteur peut-il vous obliger à rendre l’argent ?
Oui, il peut engager une procédure en justice. Il devra alors :
● Prouver l’existence de l’erreur (montant non dû, double paiement…),
● Prouver que vous êtes bien le bénéficiaire,
● Et démontrer l’absence de dette de votre part.
Il dispose d’un délai de 5 ans pour agir (prescription de l’action en répétition de l’indu).
Que faire si vous êtes assigné au tribunal ?
Ne paniquez pas. Si vous êtes poursuivi :
– Vérifiez les pièces produites par le demandeur.
– Analysez les circonstances : étiez-vous de bonne foi ? L’émetteur a-t-il commis une faute ?
– Évaluez votre capacité réelle à rembourser.
Il peut être judicieux de contester la demande partiellement ou solliciter un échelonnement du remboursement, notamment en cas de situation financière fragile.
Adresse
67, rue Neuve d’Argenson
24 100 Bergerac
Téléphone
06 32 33 98 93
contact@restier-avocat.com